Paradoxalement et même si le skipper du dernier-né des Multi50 a beaucoup navigué en compétition depuis son plus jeune âge, Thibaut Vauchel-Camus prendra le départ de sa seulement troisième traversée de l’Atlantique en solitaire le 4 novembre à Saint-Malo.
Deuxième de la Route du Rhum à la quasi surprise générale en Class40 en 2014, vainqueur de The Transat ensuite, l’athlète guadeloupéen, malouin d’adoption, qui fête ses 40 ans aujourd’hui, a surtout un cursus de régatier mais apprend à grande vitesse le métier de coureur au large.
La grande expérience de ses adversaires Erwan Le Roux, Armel Tripon et Lalou Roucayrol, n’empêchera pas Thibaut de se positionner comme un candidat sérieux au départ de cette 11ème édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Un outsider en puissance qui, depuis la mise à l’eau de son trimaran à foils aux couleurs des 100 000 patients diagnostiqués de la Sclérose En Plaques en France, n’a pas cessé de progresser et de s’adapter à sa nouvelle machine.
Où mettre le curseur ?
« Ne pas faire un podium serait décevant » indique Thibaut. « Je veux me mettre en situation d’embuscade pour la gagne. J’ai prouvé depuis le début d’année que j’avais les armes pour faire bien ! Je n’ai pas la même expérience que certains de mes concurrents mais j’ai un voilier qui va au moins aussi bien que les autres et qui exprime un potentiel supérieur dans certaines phases. À ce niveau, cela se joue dans certains détails. Mon idée est de m’adapter au rythme des autres dans un premier temps notamment les premiers jours car je ne sais pas encore vraiment où je dois placer le curseur en termes de vitesse. Mener mon trimaran n’est pas un souci. L’incertitude pour moi est de mener Solidaires En Peloton – ARSEP par rapport aux autres. En même temps, je ne veux pas passer mon temps à me jauger par rapport à mes adversaires et peut-être qu’au final ce sont eux qui devront s’adapter à mon rythme. Nous nous sommes surtout confrontés sur des courses au contact en début de saison et pas au grand large. Je ne sais pas encore totalement où je vais placer mon curseur, cela sera, en quelque sorte, une découverte pour moi. En tout cas, ce que je sais, c’est que je bénéficie d’un voilier extraordinaire et qu’en comparaison aux dernières Route du Rhum en Multi50, nous avons un potentiel de vitesse beaucoup plus élevé. Là où ils allaient à 30 nœuds, nous progressons à 40 nœuds notamment grâce aux foils qui ont rendu les Multi50 plus rapides, plus funs mais aussi plus sécurisants. »
La vie à bord
“Chavirer” est un verbe du vocabulaire du multicoque. En effet, ces voiliers peuvent se retourner comme un catamaran de plage. C’est évidemment la hantise des navigateurs qui sont donc en veille permanente, une main sur l’écoute… Un facteur qui, contrairement à une navigation sur un monocoque, ajoute du stress voire même, à certains instants, de la peur positive ! Mais les marins s’adaptent à la situation et se prémunissent de ce risque constant. « Je ne vais quasi jamais à l’intérieur de mon trimaran » explique Thibaut. « Tout se passe en extérieur, dans ma cellule de vie que j’ai voulu particulièrement ergonomique et qui me permet de tout contrôler. J’ai ainsi à portée de main mon ordinateur, l’électronique embarquée, le radar, la table à carte, la VHF et les moyens de communication mais aussi ma “cuisine” et les écoutes afin de réagir très vite. Mes journées en mer sur la Route du Rhum seront rythmées par les informations météorologiques envoyées par le routage à terre, en l’occurrence Fabien Delahaye et Fred Duthil pour moi, les manœuvres, les réglages, quelques minutes à la barre pour sentir la bête, l’alimentation, le repos (siestes de 20 minutes pas plus), les inspections régulières du bateau et les quelques sollicitations extérieures comme les vacations ou les demandes médiatiques et ça pendant environ 10 jours sans me soucier du lever et du coucher du soleil ».
Un programme chargé en perspective pour Thibaut qui partage son temps actuellement entre des navigations d’entraînement, la préparation technique à terre, des séances de sport, la vie familiale et des rencontres avec les partenaires du Défi Voile Solidaires En Peloton qui se sont mis dans l’ombre pour mettre en lumière une maladie : la Sclérose En Plaques et la Fondation ARSEP qui œuvre à donner de l’espoir aux malades.
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